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Aux contours de l'abstraction
Bordering abstraction
- Group show
Communiqué
Entre figuration et abstraction, les formes empruntées par les artistes laissent parfois planer le doute. Si l'on considère la forme comme une combinaison de lignes, une recherche du contour, il apparait qu'elle peut s'appliquer tant à la figuration qu'à l'abstraction. Ce qui signifie aussi qu'elle peut s'éloigner d'une représentation du réel facilement identifiable, sans pour autant devenir abstraction pure au sens de geste mental. Les ?uvres ici présentées illustrent des formes aux contours de l'abstraction tout en étant des traductions quasi littérales du réel.
Les portraits de femmes libérées d'Anila Rubiku n?ont pas la forme classique d'un portrait. Pourtant leur forme enigmatique s'apparente aux barreaux d'une prison tout en préservant un certain anonymat. Ces barreaux sont ouverts, signe de libération. La couleur spécifique à chaque portrait marque l?individualité de chacune des femmes.
Nemanja Nikolic crée un vocabulaire de formes geométriques et de couleurs pour traduire en peinture le ton d'un film, sa composition, son rythme ou sa musique. Proche des premiers films de cinéma expérimental puis des créations du Bauhaus, les formes de ces toiles oscillent entre non figuration et abstraction.
Les énigmatiques « Black barks » de Paula de Solminihac sont le fruit d'une expérimentaion faite dans les îles Galapagos où il est interdit d'emporter quoi que ce soit hors du territoire. Enveloppant un caillou dans du papier photographique ensuite immergé dans la mer, l'artiste révèle la forme aléatoire et non figurative de l'empreinte naturelle du caillou sur le papier photogénique. Tout aussi mystérieuse apparait l'empreinte d'une apparente tache sur papier blanc que propose Sophia Pompéry dans sa série « Und Punkt ». Ce n'est autre qu'un agrandissement extrême du point final de Arthur Schnitzler tel qu'il figure manuscrit pour clore «Traumnovelle». Quant à l'intrigante photographie d'AnaMary Bilbao au titre tout aussi énigmatique, "Découvre le ciel d'en bas", elle résulte d'un négatif sur verre dont l'image d'origine a partiellement, voire totalement disparu sous l'effet de la corrosion et de la propagation du nitrate d'argent sur toute sa surface.
Dans sa série « Stills », Sebastian Riemer réactive les peintures abstraites de grands maitres par le biais d'une réappropriation de diapositives utilisées pour illustrer des cours d?histoire de l'art.
"Dead Letters" de Slobodan Stosic apparait comme une ?uvre illisible. ?uvre fondamentalement conceptuelle, elle résulte de la copie manuscrite de "Bartleby the Scrivener" de Herman Melville. Dans un acte performatif, l'artiste s'incarne en scribe, recopiant à la main la nouvelle dans sa version anglaise. En ajoutant la contrainte d'écrire avec des lettres de 1mm de haut, sur des pages de 10,5x15 cm.
Vincent Lemaire quand à lui questionne la lumière et le temps, notions abstraites qu'il tente de matérialiser. L'installation "Chronophotosynthese" rassemble la vie humaine, représentée par un ensemble de fragments et l'association de la lumière et du temps. Réflexion sur les conditions d'existence de la vie, elle se présente comme un séquençage, alternant des photographies volontairement allusives et des néons surannés dont l?intensité lumineuse blafarde et le son bourdonnant donnent à voir une atmosphère cosmique où le je humain se confond à la force des astres. Fruit d'une expérimentation sur les relations entre l'ombre et la lumière, ses « Amorces » naissent lors du developpement d'une pellicule lorsque quelques centimètres avant la première vue apparait sur chaque négatif une transition entre l'extrême clarté et l'obscurité totale.