Communiqué
Une proposition d'Anne Deguelle à partir du roman "la disparition" de Georges Perec.
Où la totalité du roman est retranscrite pour un work in progress manifeste sur la disparition annoncée de l'écriture manuscrite.
Acte collectif réunissant lycéens, apprentis, artistes, acteurs spontanés en 300 feuilles et 90 mètres linéaires pour une oeuvre où vernaculaire et geste artistique s'hybrident et fusionnent en un bel impur.
Initiée lors d'une résidence en Aveyron cette oeuvre hybride propose un manifeste sur la disparition prochaine de l'écriture manuscrite.
À l'heure où nos textos, mails et smileys se substituent à nos missives écrites, un monument à Georges Perec est entrepris, hommage à l'écriture de cet homme de lettres - la totalité de son roman la disparition est retranscrite en écriture manuscrite et restituée sans omission.
La seule contrainte en est le format vertical de chaque feuille correspondant à une page du roman soit 300 feuilles juxtaposées.
C'est une oeuvre ouverte qui accueille dans chaque nouveau lieu d'exposition la possibilité de nouvelles participations: chaque nouveau "scriptor" peut écrire selon son désir, une page ou plusieurs, voir un chapitre. Ce work in progress constitue un flot ininterrompu d'écriture reliant au sein du même l'intimité du geste de chacun.
L'hybridation de gestes d'artistes et de gestes vernaculaires compose un paysage où la circulation des codes visuels, des repères, des emprunts, révéle une perméabilité et une proximité. L'impureté même en constitue le liant et son identité.
Dans la disparition de Georges Perec, la lettre " e " n'est jamais utilisée.
Le défi est énorme puisque l'œuvre comporte environ 300 pages, sachant que le « e » est la plus utilisée de nos voyelles et revient environ une fois sur six lettres en français.
L'intérêt de ce roman dépasse la démonstration d'une simple virtuosité technique, la disparition de cette voyelle constitue et implique le sujet et la forme même de l'oeuvre.
la disparition met en scène le personnage Anton Voyl (Antoine Voyelle) qui disparaît mystérieusement après des nuits et des nuits d’insomnie. Ses amis partent à sa recherche. Mais disparaissent ou meurent à leur tour…Une malédiction pèse sur ces personnages, quel en est le mystérieux signe ?
Cela évoque une intrigue policière : enquête, énigme, mystère à la manière d'un Raymond Roussel. Georges Perec nous donne certains indices: le cinquième chapitre manque - "e" est la cinquième lettre de l'alphabet -, la deuxième partie n'existe pas -"e" est la deuxième voyelle-, un signe mystèrieux apparait de temps à autre "un rond pas tout à fait clos finissant par un trait plutôt droit".
Et aussi l'omniprésence du mot "blanc", page blanche et "e blanc" de Rimbaud dont le poème Voyelles (Vocalisations) est transcrit lipogrammé intégralement.
Et pour le reste c'est un "monument" à la littérature tant les références, citations et imitations y foisonnent.
Oeuvre réalisée avec la participation de lycéens et apprentis du Lycée Beauregard à Villefranche-de-Rouergue, des artistes Didier Béquillard, Michèle Cirès-Brigand, Anne Deguelle, Fabienne Gaston-Dreyfus, Corinne Laroche, Sylvain Sorgato, Louise Paillé et de participants spontanés.