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Geometry of Human Nature
Curator : Maria Rus Bojan
Communiqué
Diplômé du département peinture de l?Université d?art de Cluj, Catalin Petrisor développe un discours aux frontières de l?absurde qui reflète les dynamiques contradictoires de la société roumaine postcommuniste.
Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Dix9, Catalin Petrisor propose un ensemble de tableaux à caractère surréalistes, présentés selon un
algorithme sur un fond de papiers peints. A travers ce projet, l'artiste cherche à articuler une dialectique visuelle capable de mettre l'accent sur les relations
structurelles entre la création humaine et la totalité harmonieusement ordonnée de l'univers.
Transformant de multiples références à la science, à l'histoire de l'art et aux mathématiques pour les intégrer à un réseau complexe de significations, cette
installation non archétypale met en place une réflexion sur les besoins de l'homme moderne pour une approche plus harmonieuse et entière à la vie.
Cette approche se fonde sur l'hypothèse que l'univers fonctionne selon un ordre spécifique, un ordre infiniment reproduit au moyen d'ordonnances semblables à tous les niveaux du monde vivant.
Le motif central de cette exposition est l'image scannée d'un traumatisme crânien qui apparaît sous différentes formes sur les papiers peints recouvrant partiellement le mur de la galerie. L'utilisation de cette section transversale du cerveau qui compose cette frise décorative, et sa répétition obsessive, jusqu'à réduction de l'image à un symbole formel, démontre l'intérêt de l'artiste à épuiser toutes les significations de cet élément conceptuel.
Grâce à cette stratégie visuelle, Catalin Petrisor joue avec le sens littéral de ces images, qui se réfèrent tant à la perception déformée de la personne ayant subi le traumatisme qu'à la symbolique de la «Vanitas» du latin«vide», allégorie de l'impermanence de la vie sur terre, de la nature éphémère des plaisirs et biens terrestres. Cependant, d'un point de vue plus conceptuel, la principale fonction du papier peint est de faire écho à la signification des peintures et d?en activer le processus de sens.
La sélection de peintures suit plusieurs thèmes devenus récurrents dans la pratique de l'artiste ces dernières années : paysages post-utopiques et intérieurs désolés, ruines de constructions inachevées, espaces hybrides aux multiples juxtapositions. Toutes sont complétées par d'imperceptibles dessins au crayon qui perturbent le sens premier de la composition, mais pour mieux nous offrir la clé de compréhension de l'ensemble.
La combinaison dans un même tableau de ces images réalistes, structurées en plusieurs couches, et de ces dessins au graphite à peine visible, produit une tension qui potentialise les significations et accentue le sentiment de surréalisme qui s'en dégage.
La peinture doit être lue comme une photographie de décor théâtral où un collage de réalités différentes se reflète de manière trompeuse.
L'utilisation d?une palette sobre en noir et blanc, avec quelques rares nuances de gris colorés faits de mélanges de couleurs primaires, accentue particulièrement l'approche volontairement non-esthétique de l'artiste.
Ce procédé de réduction des moyens techniques de la peinture à leur minimum, de perte délibérée de la technique aux prises avec l'expression réaliste, ainsi que la manière de concevoir l'exposition comme une oeuvre unique, témoigne de l'attitude post conceptuelle de Catalin Petrisor. Tous points qui le distinguent de sa génération et de la tradition figurative de l'école de peinture de Cluj.
«Géométrie de la nature humaine» confirme l'expression artistique hors du commun de Catalin Petrisor, associant des ensembles d'éléments et de mondes imaginaires transcendant toute expérience familière.