Communiqué
En costume cravate, « L’homme sans tête » de Marie Aerts » est un être générique à caractère humain mais dont la physionomie même pose question. Proto-humain ou extra- terrestre, cette figure récurrente dans le travail multiforme de l’artiste est un être sans passé ni avenir, une entité vide de pensée et de désir, propice à toutes les manipulations possibles.
« L’homme sans tête » s’est révélé à l’artiste à la lecture de Mille plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guatari, notamment au travers du concept du Corps sans organes.
Le personnage est ainsi né d’une utopie, celle d’échapper au désastre engendré par les dérives du pouvoir de nos sociétés contemporaines. De cette façon, l’artiste questionne l’identité, la perte de libre arbitre, l’uniformisation, la mise à nu des systèmes d’ordre et de socialisation.
Situé dans un espace temps indéfini, « L’homme sans tête » et ses clônes semblent automatisés, prêt à tout pour obéir aveuglément à une force supérieure invisible qui n’est pas sans rappeler parfois l’univers normalisé de Georges Orwell dans 1984. Premier volet d’une présentation du travail de Marie Aerts à la Galerie Dix9, l’exposition Débarquement s’articule autour d’une vidéo réalisée en 2011 et de planches préparatoires du projet en cours intitulé: Uchronie 1 ou l’effet domino. La vidéo Débarquement 3 a pour décor une plage de Normandie. Un bataillon d’hommes sans tête, absorbés dans une marche déraisonnée, évolue au son ralenti d’une musique célébrant le souvenir héroïque du combat. Cette compagnie d’êtres surhumains, paradoxalement fragiles et maladroits, marche bien sagement à la conquête du monde.
Tel un remake, Débarquement 3 reflète ce que la mémoire nous offre de plus troublant: une réalité schizophrène où le scénario de l’histoire se répète à l’infini.