Communiqué
L’oeuvre d’Yves Muller est traversée par les thématiques de la mémoire et de l’origine. Basé à Avignon depuis quelques années, il trouve sujet à son travail dans les archives et les livres comptables de l’ancien Mont de Piété, les meurtrières des remparts, ou les traces de son corps de dormeur abandonné à l’oubli.
Son oeuvre très conceptuelle relève d’une approche méthodique du sujet. Il en émerge un parallélisme des phénomènes de sédimentation, de stratification et d’érosion à l’oeuvre dans la Nature et dans la Culture. Le regard de l’artiste révèle l’écriture du temps et l’esprit des choses.
Yves Muller travaillait jusqu’ici en solitaire. Il décide aujourd’hui de sortir du bois pour exposer au grand jour. La Galerie Dix9 à Paris montre pour sa première exposition deux séries significatives du champ d’investigations de l’artiste.
La série Continuum se compose de photographies de dos de livres. Ces livres ne sont pas n’importe lesquels. Ce sont des livres comptables de l’ancien Mont de Piété qui abrite aujourd’hui les Archives d’Avignon. Des livres qui gardent cachées autant d’histoires et de mémoires individuelles. Savamment agencés en fonction de leur taille et de leur couleur, les dos créent un effet de profondeur saisissant. Continuum est aussi un travail sur le temps où chaque photographie représente 1/125 de seconde. La série dans sa totalité compte 125 photographies et représente ainsi une seconde. Continuum dans son déploiement métaphorise la forêt, une forêt dont on ne verrait que les troncs et renvoie au papier dont sont faits les livres.
En contrepoint la série Clic Clac est le fruit d’un rituel fondé sur la mise en mémoire d’un moment de vie intime de l’artiste. Le dispositif est là aussi très méthodique : depuis plusieurs années, chaque matin, Yves Muller enregistre par le biais de la photographie (archives) les traces laissées par son corps dans les draps encore chauds de son lit clic clac. Regroupées dans un coffret qui représente une semaine ou disposées en superposition sur un mur, ces photographies relèvent de la même austère simplicité qui révèle l’essence des choses.