Communiqué
Ni photographe, ni vidéaste mais usant de tout medium pour construire une oeuvre poétique, Anne Deguelle est connue pour sa pratique de l’in-situ. Aimant plonger dans le destin des grandes figures de l’art, elle invite cette fois Raymond Roussel à la Galerie Dix9 dans une installation semée d’indices, immisçant galeristes et spectateurs dans l’oeuvre même.*
Le lieu -ici la galerie- est totalement inséré dans l’oeuvre et constitue l’un de ses composants. Ce lieu pourrait être tout aussi bien l’espace privé d’un collectionneur, les salles d’un musée, celles d’un centre d’art, ou tout autre lieu présentant l’exposition.
Cette insertion abrupte du réel dans l’œuvre même - la vidéoprojection “Palermo” et son autour - nourrit le propos qui est de revisiter, de réinventer les icônes du passé à la lumière de notre présent pour une mise en résonance sans cesse active.
Pour l’heure, c’est la galerie qui est intégrée, galerie aujourd’hui entendue comme bureau interactif qui présente les oeuvres, traite leur négoce mais aussi travaille le tissu communiquant autour de l’art comme concept de représentation. Dans chaque galerie, le bureau et ses ordinateurs, les silhouettes des assistantes pianotant sur les claviers, sont non seulement visibles dans l’espace d’exposition mais exhibés dans ce même espace comme composant affirmé.
Pour cette exposition, il occupe cette fois la place centrale, interceptant et composant avec les photons lumineux de la projection qui poursuivent leur course jusqu’aux murs de la galerie. La vidéo s’écrit aussi sur les corps présents et mouvants, galeristes ou visiteurs.
“Palermo” est une errance à Palerme sur les traces de l’écrivain Raymond Roussel mort mystérieusement au Grand Hôtel et des Palmes. Pourquoi Palerme? Quelles homophonies, quel souci du langage, quels échos ont pu déterminer ce singulier à venir mourir exténué dans la ville sicilienne ?
L’interférence du lieu avec la vidéoprojection, les photographies et les divers indices ne résoudront pas le mystère mais inviteront le spectateur à appréhender une oeuvre dans son instabilité, à rêver, à frôler le non formulé et aller, en citant Ugo Rondinone, “vers un espace qui puisse abriter la nuit” (The Third Mind, Palais de Tokyo, 2007).
*Lire la préface de Philippe Piguet dans le dossier de presse.