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Pauses - Wonderpools

15.03.2008 - 19.04.2008

Communiqué

Jeune talent prometteur exposé pour la première fois en galerie, Yohann Gozard utilise le médium photo pour dessiner des paysages là où il n’y avait que des non-lieux déshumanisés : zones péri-urbaines, espaces urbains abandonnés, usines en attente de retrouver leurs habitants diurnes.

Yohann Gozard travaille à la chambre et joue du cadrage pour transformer un fragment de lieu en lieu tout entier. Sa série « Pauses » est le fruit d’une grande complexité technique où se conjuguent l’analogique et le numérique.

Ainsi l’artiste produit une image étrange, tout à la fois irréelle et naturelle, un peu trop belle pour être spontanée sans qu’on soit vraiment capable de déceler la cause du trouble ressenti. La sensation demeure qu’un artifice s’est glissé quelque part.

Yohann Gozard regarde le monde de façon frontale. Exempt de toute angoisse mortifère, il tente au contraire de réconcilier lumière et obscurité, vie et mort, éphémère et absolu. Lorsqu’il erre discrètement la nuit dans un environnement hostile pour photographier ces constructions et leurs âmes, tout se fige sauf le temps. Un temps incertain, substantifié par la lumière.

C’est la durée que Yohann Gozard cherche à transcrire sur une seule image. Une durée comme une « pause » par opposition à l’instantané, un temps non pas arrêté mais suspendu. Usant de différents procédés allant de la pose longue à la superposition de photographies du même lieu à des moments distincts, il contracte le temps tout en donnant sa durée réelle.

Éloge d’une temporalité spatialisée, « Pauses » est tout à la fois silence, suspension et repos.

En contrepoint de cette vision méditative, Wonderpools pointe de grandes formes absurdes qui ornent les périphéries urbaines.

Ce sont là des piscines en polyester, dans toute leur nudité, soulignant la contradiction du vernis bleu layette qui les tapisse en creux, avec la stratification rugueuse qui trace la topographie de leur revers.

Symboles des futilités sociales, ces immenses bacs à usage horizontal, destinés à être ensevelis puis remplis d’eau à l’arrière des lotissements, sont ici des objets en autopromotion, vides et impudiques.Présentées dans des boites lumineuses, ces photos numériques font écho aux écrans de télévision qui restent toujours allumés et témoignent de la réalité standardisée des zones pavillonnaires.