Communiqué
Artistes méconnus sur la scène française, Daniel et Geo Fuchs ont toujours abordé des sujets tabous dans leurs séries photographiques.
Invités en résidence d'artiste à la Starke Foundation à Berlin en 2004 et 2005, ils décident de mettre à jour les lieux secrets de l'ancienne police est-allemande pour la Sécurité d'Etat (Stasi). Des lieux désaffectés qui semblent inchangés depuis la chute du régime communiste. Pendant deux ans, ils ont cherché dans les bâtiments administratifs, les prisons, les archives, les bunkers, les signes d'un système répressif longtemps resté caché. Le long corridor du centre pénitentiaire, avec ses salles d'interrogatoire de chaque côté, prend alors une dimension complètement nouvelle à la lumière du débat politique qui s?est ouvert au cours des dernières années. Les étagères sans fin où sont soigneusement conservés les fichiers des suspects politiques témoignent d'un régime de contrôle, d'espionnage, de corruption et d?interrogatoires pervers.
Tirées en très grand format, les photographies respectent un protocole strict, représentant tous les espaces avec la même perspective. Une esthétique où la rigueur du point de vue et la mise au point très nette concourent à restituer la froideur d'un système implacable.
De prime abord, les images peuvent paraître banales, avec les couleurs pastels d? intérieurs très « fifties ». Pourtant c?est leur rigueur même qui inquiète et dirige l'imagination du spectateur vers un centre fictif, faisant appel à sa connaissance de l'histoire récente ou à un univers cauchemardesque digne de Kafka.
C?est aussi le non-montré qui fait appel à la mémoire. l'absence de personnages renforce tout à la fois la force mystérieuse des lieux et la place donnée à l?imagination. Car les secrets restent invisibles.
Avec ces « portraits architecturaux » d'un système qui a régné plus de quarante ans, Daniel et Geo Fuchs nous plongent dans un chapitre terrifiant de l'histoire récente allemande.