Communiqué
L’univers de Sophia Pompéry est fait de l’observation de petites choses et de riens, d’objets quotidiens et de phénomènes physiques et optiques si banaux qu’ils passent inaperçus . Usant d’un minimum de moyens, sa démarche à la fois conceptuelle et trés minimaliste produit des oeuvres poétiques qui ne laissent pas de surprendre et de questionner.
Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste présente une collection d’oeuvres emblématiques de ses recherches sur la perception des choses. Elle s’inspire des travaux de *Kevin O’Regan et de sa notion de «mémoire externe» qui conditionne le regard de chacun en fonction de son vécu personnel. Ce qui explique pourquoi la perception visuelle ne fonctionne pas comme un appareil photo. En même temps, si chacun a bien sa propre façon de percevoir, il semble que chaque mémoire ait son origine dans une expérience corporelle.
Fortes de ses idées, les oeuvres de Sophia Pompéry, qu’elles soient simples objets, photographies ou vidéos, invitent au dialogue avec chaque spectateur. Elles jouent à la fois avec les lois de la physique, les grilles de lecture habituelle et les attentes propres à chacun.
Questionnant la normalité, les objets révèlent leur mystère et par là même leur perte de banalité. Ce sont deux improbables pop corn absolument identiques (Popcorn Clones), ou bien deux mètres de longueur différente (Two Meters). Parfois l’artiste use de subterfuges pour pointer des phénomènes impossibles : une flamme de bougie brûlant par les deux bouts (lighting up burning down). Mais bien souvent elle ne détourne rien et joue avec des phenomènes purement physiques : une simple table où la couche d’eau méticuleusement appliquée au pinceau, refléchit le hors champ jusqu’a ce que l’image s’évanouisse avec l’évaporation du liquide (Still Water); ou encore une bulle de savon gonflée par le souffle de l’artiste qui joue de la flûte jusqu’à épuisement du son et de la résistance physique de la bulle, éclipsant du même coup la réflexion lumineuse (Kawala Play).
A la fois scientifiques et artistiques, les oeuvres de Sophia Pompéry nous poussent à ré- envisager le monde qui nous entoure . Devons- nous croire ce que nous voyons? En jouant avec la perception visuelle , ces oeuvres piègent le spectateur sans dénier la réalité. Elles perturbent ses convictions, révèlent une autre vérité, rendant aux petits riens toute leur importance et leur force poétique.
*Kevin O’Regan a dirigé le Laboratoire de Psychologie de la Perception, Université Paris Descartes (CNRS)