Communiqué
Artiste maintes fois primée et montrée dans des espaces publics d'art contemporain, Hee Won Lee développe une pratique artistique où se rencontrent vidéo, graphisme, son et installation. Faisant appel aux ressources des nouveaux medias et de la technologie, ses oeuvres nous plongent dans un univers fragile et onirique gommant les frontières entre réel et virtuel. La magie provient peut-être de ses origines coréennes où chamanisme et mysticisme restent profondément ancrés dans la culture populaire.
Hee Won Lee aime raconter des histoires. Des histoires nourries de poésie, souvent remplies de fantômes, qui cachent une réflexion plus profonde sur la réalité. On entre ainsi séduit dans un univers enchanté, presque magique, à la beauté épurée. Mais plus on pénètre dans l'oeuvre, plus la réalité sous-jacente se révèle, l'oeuvre prenant alors toute sa dimension critique.
Cette approche voulue par l'artiste est le fruit d'une démarche bien particulière qui s'inspire du quotidien auquel de légers déplacements brouillent le sens caché de l'oeuvre.
Un travail où, pour reprendre les termes d'Alain Fleischer*, la pertinence aigue du langage esthétique et des moyens technologiques y est toujours au service d'une dimension poétique qui fait oublier tout processus d?élaboration, au profit de l'oeuvre à la fois dans son évidence et dans son énigme.
Rarement, parmi les productions des artistes de sa génération, on trouve comme dans les oeuvres de Hee Won Lee, une telle impression de justesse et une telle nouveauté, sans la gratuité ni la dimension décorative qui affaiblissent trop souvent le jeu avec les techniques contemporaines de l'image. Il y a dans les oeuvres
de Hee Won Lee à la fois la nécessité et la grâce.
Pour sa première exposition personnelle en galerie, Hee Won Lee présente Enchanted Landscape, oeuvres qui participent de ses recherches sur le temps et l'imaginaire.
Neverending stories s'inscrit dans la tradition de la peinture mais devient une image vivante. A l'aide de pigments phosphorescents transparents, la toile monochrome et amnésique ne délivre son message que dans l'obscurité. Le mouvement et le rythme du temps sont ici liés aux cycles diurnes et nocturnes. Le tableau devient alors un paysage mental qui reflète notre propre histoire cyclique et nous confronte à l'infini.
Avec Phone Tapping, vidéo primée dans de nombreux festivals français et étrangers, on entre dans l'univers inquiétant des grandes villes déshumanisées. Dans une vue panoramique de Séoul où seuls néons et lumières électriques animent le paysage nocturne, une étrange histoire personnelle s'immisce par téléphone interposé dans ce monde anonyme pour bientôt laisser place aux fantômes d?une humanité disparue.
Réflexion sur l'imaginaire et la symbolique des mots, Horizon est une oeuvre en néon où les caracteres coréens deviennent image et concept. L'éclairage projeté par le néon et l'alignement de la typographie rappelle l'aspect visuel de l'horizon.
Conte moderne et cruel, Karaoké nous livre le monologue de Miss Lee, femme ordinaire qui, depuis son lit d'hôpital, nous dévoile son quotidien. Seul nous sont accessibles le son de sa voix et un plan fixe sur de vagues points lumineux qui petit à petit nous dévoilent les contours d'une ville.
Entre réalité et imagination, toutes les oeuvres de Enchanted Landscape gardent leur pouvoir énigmatique.
*Alain Fleischer, artiste, écrivain, directeur du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains