Formé à l'ECAL à Lausanne et au ZHdk à Zurich, Romain Mader aime se mettre en scène pour traiter avec humour de sujets sociaux divers. Son projet Ekaterina a été présenté à la Tate Modern à Londres (Performing for the Camera)et lui a valu le Prix Foam Paul Huf 2017. L'artiste y questionne la nature de la photographie et sa relation avec la réalité. Oeuvre fictionnelle sur le tourisme sexuel en Ukraine, le projet se présente sous la forme de photographies et d'une vidéo dont le format s'apparente à un roman photos. Mader y narre l'épopée d'un jeune homme en quête d'une fiancée dans une ville curieusement peuplée uniquement de femmes. Entre réalité et fiction, l'oeuvre brille par l'humour et l'ironie avec lesquelles Romain Mader traite de sujets sérieux : solitude, amour, exploitation du corps féminin. Performant lui-même pour la caméra, l'artiste joue avec les clichés et l'esthétique de la photographie documentaire
Il a remporté en 2017 le prestigieux prix Paul Huf avec ces commentaires:
"Mader ou du moins le personnage qu'il incarne recherche l'amour dans la ville ukrainienne imaginaire d'Ekaterina qui, curieusement, n'est habitée que par des femmes. Discret, il passe son temps avec des femmes aspirant à devenir modèles et dans des concours de beauté où les participantes, emplies d'espoir, se dissimulent derrière un sourire permanent. À travers ses photos léchées, style répandu dans la photographie commerciale, sur les réseaux sociaux et dans les brochures touristiques, il nous entraine dans un monde de femmes exploitées, vendues sur catalogue, de tourisme sexuel et de publicités alléchantes. Le contraste entre l'imagination de Mader, plutôt amusante, naïve, absurde et légère, et le sujet choisi, ainsi que la manière dont se déroule sa quête, confèrent à Ekaterina une force inattendue et dérangeante".