"Yu Matsuoka fait le pari audacieux et intelligent d'une oeuvre à multiples facettes", écrit Paul Cox en 2006. "Elle ne s'encombre ni de styles ni de catégories et semble faire fi de toute hiérarchie. Elle jette son filet très large et manie savamment paradoxe et contraste. Tantôt elle évoque les espaces blancs de Harunobu en écho à ses compositions éparses, tantôt elle remplit ses peintures à foison, à la manière du «jinashi» ou «no empty space style» des kimonos. Une seule technique, bien sûr, ne lui suffirait pas pour bâtir son monde généreux. Peinture et dessin, photographie, textes aussi: elle a besoin de nombreux outils. Le plan du tableau ne la satisfait pas; elle cherche à occuper tout l'espace. Une seule écriture ne lui conviendrait pas davantage: on peut observer dans ses carnets comment son manuscrit change selon l'humeur et le propos. Elle aime dessiner à plusieurs: l'expression d'un ego clairement lisible n'est pas son affaire. Elle poétise tout, empruntant parfois au monde réel, dessinant d'après les belles photos qu'elle ne cesse de prendre, jouant aussi avec les formes et les outils, unifiant le tout dans un monisme tout oriental.