Depuis 1999, au fil de ses voyages répétés au Proche-Orient, en Israel ou en Afrique de l'Est, Anne-Marie Filaire a réalisé des images habitées par l'inquiétude plus que par les hommes, souvent absents du cadre. Cette inquiétude procède autant de la solitude de la photographe que de la réalité factuelle de guerres interminables, de préoccupations intimes que de fracas géopolitiques. Cet entrelacement de deux modes de lecture possibles éclaire le point d'intersection où se situe son travail, entre geste poétique et souci documentaire, entre quête personnelle d'un ailleurs et observation des fractures de l'histoire.
Préoccupée depuis plus de vingt ans par la question du paysage, inaugurée avec des séries réalisées sur sa terre auvergnate pour le compte de l'Observatoire photographique du paysage, l'artiste déploie un geste constant : prélever les traces du temps sur la matérialité d'un territoire.